De façon générale, la musique est considérée comme “l’art du temps” par excellence. Par opposition aux beaux-arts considérés a priori comme des arts de l’espace, la musique existe à travers cette dimension temporelle lui permettant de ne pas demeurer abstraite.

Cette dichotomie traditionnelle s’est vue toutefois de plus en plus remise en cause, car elle occulte entre autres toute la dimension spatiale effective de la musique. De l’antiphonie antique à la polychoralité vénitienne de l’époque baroque, de la délocalisation des instruments hors-champ à l’époque romantique aux expérimentations de la musique contemporaine, la question de l’espace prend une part de plus en plus importante et induit de plus en plus de réflexions.

De la même façon, le répertoire pour voix d’enfants et mouvement qui nous intéresse particulièrement demande aux artistes d’avoir à la fois conscience de la dimension vocale mais aussi de cette dimension spatiale qui se veut multiple : l’espace où le chœur va se produire (l’espace réel de la scène) mais également d’autres espaces qui vont se construire et se modéliser.

D’un point de vue purement physique, la musique est une onde sonore qui se déploie par vibration de l’air dans un espace. Le chant crée donc un espace “projeté”, sonore et dynamique : le chef de chœur va modéliser cet espace pour le faire coïncider à l’espace scénique et lui donner une dimension esthétique, reflet d’un véritable travail artistique à destination des auditeurs.
De la même façon, la dimension visuelle intrinsèquement liée à ce répertoire va se coconstruire par le biais de la mise en espace, la mise en scène et l’intégration du mouvement à l’interprétation.
Enfin, l’espace interne, corporel et psychique de chaque enfant au sein du groupe a tout autant besoin d’être considéré et établi à travers le processus artistique.
Nous pouvons dès lors nous demander : comment considérer toutes ces strates et les faire se concorder dans le cadre d’un projet artistique mêlant voix d’enfants et mouvement ? Comment le chef de chœur peut-il agir sur ces espaces ? Comment faire concorder l’espace scénique, l’espace de l’œuvre, l’espace de l’interprète ? Quel répertoire pour quel espace ? Comment le mouvement peut-il contribuer à sculpter, modéliser l’espace scénique, sonore et visuel ? Comment gérer le rapport au public et son espace propre ? Comment les enfants peuvent-ils avoir une conscience de l’espace dans lequel ils travaillent mais aussi de leur propre corps au sein de ce dernier ? Comment peuvent-ils s’y adapter ?
Ce séminaire tentera de répondre à ces problématiques à travers des ateliers de pratique, conférences, temps d’échanges… avec la participation de chercheurs et d’artistes professionnels de la voix d’enfant.

Programme complet : à venir
Ouverture des inscriptions à venir.