Séminaire "Territoire, patrimoine national et archives"

Avec la loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », en 2005, la médiation sensible obtient une place particulière dans le cadre de l’accessibilité à l’art. Les médiations sensibles demeurent le plus souvent utilisées dans le cadre des médiations adaptées aux personnes porteuses de handicaps.

Au moment de la restauration du château des Ducs de Bretagne, à Nantes, et de la création du musée d’histoire qui s’y trouve, au début des années 2000, l’accessibilité s’impose comme une préoccupation centrale pour l’équipe scientifique et l’équipe des publics. Lors de sa réouverture en 2007, le lieu est notamment accessible aux personnes handicapées sensorielles, via des outils coconstruits avec les publics concernés et permettant des parcours de visite en autonomie ou avec une médiation : des cartes et planches tactiles contrastées en braille, des œuvres et objets à toucher, des parcours en audiodescription.

Pour Laurence D’haene, chargée du développement et de la politique des publics depuis 2000, la question du sensoriel se pose en réalité de façon plus générale (cf entretien). Si les enfants font beaucoup appel au toucher pour comprendre leur visite, les visiteurs s’imprègnent aussi du lieu en touchant les murs.

Depuis sa réouverture en mai 2022, le musée de Cluny, à Paris – seul musée national français dédié au Moyen-Âge – propose des « visites sensibles ». Si elles ne sont pas définies comme relevant de l’éducation artistique et culturelle, on peut considérer que ces types de visite sont une action d’EAC, axée sur le pilier de la rencontre avec les œuvres.

Le conte, le théâtre, la danse, la méditation ou la philosophie sont des outils utilisés au fil des visites sensibles. Avec chaque fois un point commun : la médiation est centrée sur la relation à l’objet plutôt que sur l’objet lui-même. C’est donc une expérience au service de la compréhension, permettant au visiteur de créer du sens différemment. Le principe n’est pas d’acquérir du savoir, comme dans une visite guidée classique, mais de ressentir.

Si les premières médiations du patrimoine faisant appel à une approche sensorielle étaient destinées à un public empêché, et cherchaient à pallier un handicap dans un but d’inclusion, la notion de médiation sensible est plus large et offre des perspectives très intéressantes dans la construction d’un public universel. Avec la médiation sensible, les visiteurs en situation de handicap et les visiteurs valides semblent pouvoir bénéficier de la même médiation, mais celle-ci ne vient pas remplacer une visite guidée ou une médiation plus classique, elle apporte autre chose.