Le podcast
Comme les goûts en général, les émotions et les sentiments, loin de renvoyer à un ineffable psychologique et individuel, peuvent être objets de sociologie. Dans la lignée des travaux classiques ayant élaboré la notion de script en matière de sexualité, les sentiments peuvent
également être situés et contextualisés, notamment dans leur dimension générationnelle et culturelle. Tout comme le flirt a pu être analysé au fil de son histoire dans son lien avec les mentalités, l’accès au corps mais aussi les produits culturels d’une époque (le cinéma et les yéyés), le « crush », ce mot générationnel, nous permet de saisir de façon très contemporaine l’éducation sentimentale à l’adolescence et chez les jeunes adultes, l’importance qu’y
prennent les productions culturelles, les réseaux sociaux et les pratiques numériques. Surtout, le crush, cette attirance secrète, ne peut être compris sans appréhender la dimension collective et les logiques genrées du travail émotionnel qu’il induit.
Christine Détrez est professeur à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Ses travaux relèvent des champs de la sociologie du genre, la sociologie de la culture et la sociologie de la réception. Depuis 10 ans, elle s’intéresse aux Mangados, les lectrices et lecteurs de mangas, et aux questions de genre qui y sont liées.
Bibliographie
Christine Détrez, “Des shonens pour les garçons, des shojos pour les filles ?” in Réseaux 2011/4-5 (n° 168-169), pages 165 à 186