L'établi de l'Education Artistique et Culturelle

« Le plus étonnant, c’est son établi. Un engin indéfinissable, fait de morceaux de ferraille et de tiges, de supports hétéroclites, d’étaux improvisés pour caler les pièces, avec des trous partout et une allure d’instabilité inquiétante. Ce n’est qu’une apparence. Jamais l’établi ne l’a trahi ni ne s’est effondré. Et, quand on le regarde travailler pendant un temps assez long, on comprend que toutes les apparentes imperfections de l’établi ont leur utilité : par cette fente, il peut glisser un instrument qui servira à caler une partie cachée ; par ce trou, il passera la tige d’une soudure difficile » – L’Établi, de Robert Lihnart (1978)

“Accusé de voler, de récupérer du matériel à son profit et d’utiliser les machines pour son compte, le travailleur qui “fait la perruque” soustrait à l’usine du temps (plutôt que des biens, car il n’utilise que des restes) en vue d’un travail libre, créatif et précisément sans profit. Sur les lieux mêmes où règne la machine qu’il dit servir, il ruse pour le plaisir d’inventer des produits gratuits destinés seulement à signifier par son œuvre un savoir-faire propre et à répondre par une dépense à des solidarités ouvrières ou familiales” – Michel de Certeau – L’invention du quotidien & arts de faire – Folio essais page 45.

« Le joujou est la première initiation de l’enfant à l’art, ou plutôt c’en est pour lui la première réalisation, et, l’âge mûr venu, les réalisations perfectionnées ne donneront pas à son esprit les mêmes chaleurs, ni les mêmes enthousiasmes, ni la même croyance » – Baudelaire, 1863, p. 143.

Un établi c’est une table sur laquelle on dispose ou fixe la pièce à travailler, à fabriquer. L’établi de l’anthropologue Robert Linhard dans l’ouvrage homonyme c’est aussi un militant intellectuel, qui est « établi » dans une usine pour y partager les conditions de vie ouvrière. C’est bien d’une fabrique qu’il s’agit dans l’Établi de l’Éducation Artistique et Culturelle. Mais d’une fabrique dont on sait déjà qu’elle sera détournée, bricolée – au sens de Michel De Certeau – par celles et ceux qui voudront s’en emparer. La matière première c’est le savoir ! L’ouvrage, c’est ce que l’enseignant pourra ou voudra en faire dans sa classe avec ceux qui sont à l’oeuvre, les élèves (ouvriers de leur savoir). La valeur ajoutée est la production des élèves sous des formes diverses à inventer. Les chercheurs occupent une place qui n’est pas neutre au sein de l’Établi de l’EAC : ils observent et participent à la production des kits car il s’agit de se mettre à la place des acteurs et à leur côté pour bien les comprendre. A la différence de l’Établi de Robert Linhart cependant, et plus proche de la vision d’Edgar Morin sur le terrain breton de Plozévet, l’Établi est à la fois envisagé comme le support de la fabrique des contenus et ressources en EAC mais aussi comme le lieu de l’observation et de la fabrique, sur un temps long, d’une relation scientifique et d’un collectif de chercheurs sur le terrain du laboratoire à ciel ouvert qu’est le territoire de Guingamp 

Robert Linhart, Edgar Morin, Michel De Certeau et Charles Baudelaire inspirent donc ce qui se construit dans l’Établi de l’EAC, y compris dans les vertus émancipatrices que nous accordons à l’EAC. Rencontre, pratique et connaissance : les piliers de l’EAC sont ceux de l’Établi pédagogique de l’INSEAC dont l’objectif sera aussi de « casser le joujou », pour mieux le reconstruire. Comme les jouets de Baudelaire, l’art agit sur les enfants, d’autant mieux qu’ils le comprennent. Pour le comprendre, comme leurs jouets, ils ont besoin de le déconstruire, de le manipuler, de le maltraiter pour en saisir « l’âme ». L’éducation artistique et culturelle passe par cette nécessité de casser le joujou, de le déconstruire pour comprendre comment il fonctionne. Cela participe de la construction de l’esprit critique du spectateur, de son émancipation et révèle ce désir d’art et de culture afin d’alimenter les « formes les plus délicieuses du beau » pour emprunter à nouveau une formule de Baudelaire. 

L’Établi de l’EAC c’est également un lieu de formation et de recherche : l’INSEAC. Un lieu physique dans lequel sont diffusés des ressources et dans lequel vous pourrez contribuer aux activités de l’Institut National Supérieur de l’Éducation Artistique et Culturelle pour atteindre, ensemble, le 100% EAC. 

Keat le macareux

Fière mascotte de l’Inseac, Keat le macareux esquissé par le dessinateur Domas vous accompagnera dans votre exploration de l’établi afin de vous proposer des activités artistiques, culturelles, pédagogiques et ludiques, facilement déployables auprès de vos publics.

Les derniers kits EAC

Retrouvez les derniers kits pédagogiques de l’établi, à écouter, à regarder, à expérimenter, à partager.

“L’EAC en festival : Francofolies demain”

Les festivals sont les lieux de la démocratisation culturelle car ils rassemblent des publics souvent nombreux. Avignon, Cannes, Trans Musicales de Rennes, ont été décrits par les sociologues comme des lieux de la participation des publics. Ils sont aussi des laboratoires à ciel ouvert pour observer la société.

Découvrir le kit

Les Trans Musicales de Rennes de la rencontre à la relation

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Participez à la construction de l'établi

Vous êtes enseignant(e) ou animateur(trice) socioculturel(le) ou parent ? Vous souhaitez partager votre expérience autour d’une animation d’éducation artistique et culturelle menée en classe, en famille ou auprès d’un groupe de jeunes ? Vous souhaitez contribuer à l’enrichissement d’un kit ou déposer une ressource auprès de l’Inseac ? N’hésitez pas à nous contacter.